Kévin El Ghazouani, l'un des principaux prévenus au procès "Crépuscule", une fraude à 146 millions d'euros sur le marché des quotas d'émission de CO2, a reconnu mercredi son rôle, et raconté que l'argent coulait "à flots".

Jusqu'alors, cet homme menu de 44 ans avait soutenu qu'il s'était retiré rapidement de l'affaire.

"J'ai essayé de minimiser ma responsabilité", a-t-il reconnu devant le tribunal correctionnel de Paris, "aujourd'hui je veux assumer cette responsabilité, et elle est importante". "Je me suis associé avec M. Zaoui dans cette fraude, et j'en ai récolté les fruits avec lui", a-t-il dit.

Selon le récit de M. El Ghazouani, Grégory Zaoui voulait le "faire participer à quelque chose d'extraordinaire". Si le mécanisme du marché des quotas d'émission de CO2 lui échappait, dit-il, il a lui apporté plusieurs sociétés, avec gérants de paille, nécessaires à la mise en oeuvre de l'escroquerie.

Quand le processus s'est amorcé en 2008, "on comprenait plus rien, l'argent commençait à arriver à flots, partout", a expliqué Kévin El Ghazouani. Les premiers mois, il a dit-il touché 400 à 500.000 euros "en cash", puis dit-il, Grégory Zaoui lui aurait dit d'ouvrir des comptes, ce qu'il fera en Suisse et à Dubaï, pour percevoir l'argent.

Invité à réagir, Grégory Zaoui, présenté comme le concepteur du système, fulmine et s'étonne de cette nouvelle version, qui représente selon lui un "affront" au tribunal et au juge d'instruction. Face à cette mise en cause, il juge "très compliqué de pouvoir prouver ce qu'on a pas fait". "Moi, ma version n'a pas changé", a-t-il insisté.

Pendant l'enquête, il a affirmé que Kévin El Ghazouani qui lui avait proposé d'investir dans la fraude, mais qu'en cours de route, ce dernier s'est associé avec Cyril Astruc, un autre des principaux protagonistes du dossier, absent au procès. Selon M. Zaoui, M. El Ghazouani lui a versé 80.000 euros pour ses services.

Kévin El Ghazouani, lui, assure qu'il ne connaît pas Cyril Astruc.

Au final, cet homme d'affaires né au Maroc a expliqué devant le tribunal avoir touché 4,5 millions d'euros. De l'argent qu'il a "flambé" dans des week-end dans le sud de la France et à Monaco.

Grégory Zaoui doit être entendu sur les faits qui lui sont reprochés jeudi après-midi. Le procès se tient jusqu'au 16 juin.